Herearii Jones a arrêté l’école à 15 ans. Après trois années de coprah et de pêche aux Tuamotu, il s’est inscrit au RSMA qui lui a permis de passer par le CMMPF pour se former. Il a démarré ensuite en bas de l’échelle dans la société Aremiti mais petit à petit il s’est fait une place au sein de l’entreprise qui aujourd’hui l’aide à continuer une formation qui va lui offrir de nouvelles perspectives. Rencontre.
Herearii Jones, 26 ans, est actuellement en formation au brevet de mécanicien 750 kW au centre des métiers de la mer. Il est aujourd’hui un professionnel de la mer et se dit surpris lui-même de son parcours et de son salaire actuel. Il a quitté l’école à l’âge de quinze ans avant d’être envoyé par ses parents à Rangiroa chez ses grands-parents pour travailler dans le domaine de la pêche et du coprah.
En 2016, il s’est inscrit au RSMA (régiment du service militaire adapté) où il a pu suivre une filière liée aux métiers de la mer pendant dix mois avant de commencer en 2017 à travailler pour la société Aremiti en tant que gardien de nuit. Petit à petit, il a su faire sa place au sein de son entreprise et aujourd’hui il est fier du chemin parcouru, un chemin qui lui offre même aujourd’hui diverses perspectives.
Parole à Herearii Jones :
Quelques mots sur ton parcours jusqu’à cette formation ?
« J’ai connu le CMMPF quand j’étais au RSMA, c’est là que j’ai fait une formation au brevet de mécanicien 250 kW et mon CIN pêche (ndlr certificat d’initiation nautique « pêche ») qui ne s’appelait pas encore le CMP. Quand j’ai continué ma vie active dans la société Aremiti comme gardien de nuit, j’ai su montrer ce que je pouvais faire à des chef-mécaniciens à bord du Aremiti 5. Du coup, le chef m’a demandé si je ne voulais pas travailler sur le bateau en tant que marin. C’est là que l’envie de travailler dans la partie machines est venue. J’ai voulu en savoir plus sur ce domaine-là et me former davantage. »
Comment s’est déroulée l’inscription à la formation 750 kW ?
« C’est venu de moi, mon patron m’a juste proposé son aide pour faciliter ma formation par rapport à la rémunération, le transport, pour m’amener ici à la visite médicale. J’ai attendu deux ans pour pouvoir intégrer le 750 kW. Il y avait eu une formation il y a deux ans mais on n’était pas encore prêts. Du coup, j’ai attendu, je n’étais pas pressé. J’en ai profité pour acquérir de l’expérience sur le tas, comme on dit, en machine. Cela a été bon aussi, cela m’a beaucoup servi. En faisant ma formation 750, j’ai vu les choses que j’avais connu en pratique mais sans savoir ce que c’était vraiment. J’ai vu que ‘ah, c’était pour ça que l’on faisait ces visites-là, ces changements…’ Cela m’a facilité la formation. »
Quelques mots sur la formation ?
« Elle dure six mois, à chaque fin de module, on nous met un contrôle avant les examens finaux. C’est un contrôle continu en cours de formation. Il y aura ensuite un examen final avec un rapport technique qui regroupera tout. Je sais maintenant de quoi je parle. Quand on me parle, je peux comprendre ce qu’on me dit. Je peux aussi aider, donner mon avis par rapport à ce qui ne va pas, à ce que je vois. »
Quels seront les débouchés ?
« Pas forcément une augmentation de salaire, mais cela va me projeter un peu plus loin dans l’entreprise. Je pourrais aller sur d’autres bateaux, être autonome côté machines, moteurs, électricité etc…On pourra me mettre seul à la machine pendant que le chef est à la passerelle pour faire ce qu’il a à faire. Le salaire dépend de la catégorie que l’on a sur un navire. Pour l’instant, je ne suis que quatrième catégorie sur l’Aremiti 6 comme nettoyeur-graisseur depuis un an, en tant que titulaire. Je suis content de mon salaire. Je n’aurais jamais cru avoir un salaire comme ça ! Je pense que mon salaire ne va pas trop bouger mais mes connaissances si ! Cela dépend aussi du bateau, sur mon bateau actuel, je ne peux pas être second chef-mécano ou chef-mécanicien parce qu’il faut le 3000 kW. »
Les perspectives de la suite de ta carrière ?
« J’aimerais bien poursuivre dans ce domaine, continuer avec le OCQM (ndlr officier chef de quart machine), et par la suite si j’ai la chance de faire mon 3000 kW j’aimerais bien saisir cette opportunité pour pouvoir ensuite acquérir l’illimité, pourquoi pas. »
Pourquoi les métiers de la mer ?
« J’ai grandi dans ce domaine. Chez moi à Rangiroa, le moyen de transport, c’est le bateau. Depuis l’âge de trois-quatre ans jusqu’à mes quinze ans, le bateau a toujours été important dans ma vie. Sans la mer et la navigation, il me manquerait quelque chose. C’est une passion. J’aimerais bien, à la longue, être aussi armateur d’un petit bateau. Avoir mon propre bateau, pour du transport touristique, la pêche…On peut faire beaucoup de choses avec un bateau. Il faut juste avoir les bonnes formations. »
Un dernier mot ?
« J’aimerais remercier le groupe Degage, mon patron ainsi que le CMMPF qui fait ces formations pour nous les Polynésiens. »