Zéphyrin Tarahu est passionné de mer et de pêche. Pêcheur au fusil émérite, il est devenu formateur au CMMPF après avoir passé 15 années dans la Marine nationale. La langue tahitienne qu’il maîtrise et son goût pour le voyage lui ont permis de proposer de nombreuses formations délocalisées dans les îles depuis 2016. Interview.
Zéphyrin Tarahu est formateur au centre des métiers de la mer depuis 2005. Son parcours est remarquable : Il a débuté sa formation professionnelle par l’obtention d’un certificat d’aptitude professionnelle de charpente maritime (CAP) avant de s’engager pour quinze années dans la marine nationale. Il en sortira avec un brevet d’aptitude technique (BAT).
En 2005, il est embauché en tant que formateur à l’institut de formation maritime pêche et commerce (IFM-PC). L’IFM-PC fut créé en 2001 et est aujourd’hui devenu le CMMPF. En plus de sa longue expérience dans la marine, Zéphyrin Tarahu a plusieurs cordes à son arc : sa maîtrise de la langue tahitienne et son goût pour le voyage lui permettent de pouvoir dispenser de nombreuses formations dans les îles.
Parole à Zéphyrin Tarahu :
Pourquoi les métiers de la mer, pourquoi la marine ?
« A 18 ans, on se demande ce que l’on veut faire. J’avais trois options : l’Armée de terre, l’Armée de l’air et la Marine nationale. En tant que Polynésien, le choix de la mer a été évident pour moi. Ensuite, cela m’est apparu logique lorsqu’on m’a proposé le métier de formateur puisque j’avais fait 15 ans dans la marine nationale en voyageant en Europe et dans le monde. J’ai vu le travail qui était à faire, cela ne changeait pas trop de ce que j’avais appris dans la Marine, j’ai voulu partager ça avec les stagiaires. »
Quel est ton rôle au CMMPF ?
« Je fais des formations dans différents domaines : des formations au certificat matelot pont, au brevet capitaine 200, au certificat d’initiation nautique pêche, au certificat de patron lagonaire pêche et culture marine. Cela touche la navigation, la manœuvre, le matelotage, la météorologie, la réglementation et les techniques de pêche…c’est vaste. J’aborde beaucoup d’aspects mais pas l’aspect mécanique ! »
Qu’est-ce qui te plaît dans ce métier ?
« Ce qui est intéressant, c’est ce partage avec les jeunes. Lorsque les jeunes ont réussi parce qu’ils ont un formateur qui a partagé son expérience, cela fait plaisir. Les stagiaires qui avaient au début un niveau très faible sont amenés à obtenir leur diplôme, c’est valorisant. C’est de la motivation. »
Tu donnes également des formations dans les îles ?
« Depuis 2016, le CMMPF donne des formations délocalisées dans les îles pour les jeunes qui n’ont pas les moyens de se déplacer sur Tahiti. J’ai tourné à Fakarava, Hao, aux Marquises, aux Australes, à Bora Bora par exemple cette année et là je reviens de Makemo. Trois formations d’environ deux mois dans l’année, c’est énorme. Cela fait beaucoup de stagiaires à former et à suivre jusqu’à l’examen. Je suis motivé pour transmettre mon expérience à ces stagiaires qui en ont envie. Et puis cela me permet de voir les îles de chez nous. C’est que du positif. »
Tu as pris goût au voyage ?
« Oui, tout à fait. J’ai omis de dire dans mon parcours que j’ai fait quinze ans de compétition de chasse sous-marine. J’ai fait des compétitions en Europe, j’ai fait deux championnats du monde, j’ai fait plusieurs fois champion de Polynésie, plusieurs fois champion Océania. C’est une grande partie de ma vie, j’ai beaucoup été sur l’eau. C’est peut-être pour ça que j’adore être en déplacement. Parce que je retrouve tous les éléments essentiels. »
La langue tahitienne est un atout ?
« 99 % des stagiaires que j’ai dans les îles, ce sont des jeunes qui sont à la recherche d’un emploi. Ils ne sont pas tous d’un niveau scolaire élevé. La chance d’avoir les deux langues pour m’exprimer, permet à ces jeunes-là de comprendre le tahitien et de trouver les mots qui vont avec. En français, ils ne comprennent pas forcément tout ce qu’on leur dit. Ils lèvent la tête, disent « oui, oui » mais en fin de compte ils n’ont pas bien compris. Alors qu’en tahitien, ils mettent les mots en français sur les mots en tahitien et là ils comprennent mieux. C’est un avantage. »
Un dernier mot ?
« Je suis arrivé à un stade où je suis à l’aise dans le métier. Le taux de réussite est intéressant tout simplement parce que les jeunes ont la possibilité au bout des formations d’avoir un diplôme pour se lancer dans leur vie professionnelle. J’espère que le CMMPF pourra continuer dans ce domaine et avoir des formateurs qui seront capables de se déplacer dans les îles. »
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