Nous sommes allés à la rencontre de Kevin Torea, 26 ans, qui suit actuellement une formation au brevet de capitaine de pêche côtière (BCPC) au centre des métiers de la mer de Polynésie française (CMMPF). Son projet ? Acquérir un poti marara et vivre de sa passion pour la pêche en quittant Tahiti pour Raiatea. Rencontre.
Kevin Torea, 26 ans, est un jeune Polynésien comme beaucoup d’autres. Mais il a une particularité, un feu intérieur qui s’appelle « la pêche ». C’est son père qui lui a transmis cette passion, avant que les « choses de la vie » ne l’empêchent de continuer à pêcher avec lui.
Mais la flamme ne s’éteignit pas, devenu adolescent, Kevin put reprendre la pêche et construire son projet d’étudiant autour de sa passion. A 26 ans, il a décidé de tout faire pour acquérir son bateau et devenir capitaine de poti marara. Il suit actuellement une formation au brevet de capitaine de pêche côtière (BCPC) au centre des métiers de la mer de Polynésie française. Rencontre avec un passionné.
Parole à Kevin Torea, 26 ans :
Ton parcours ?
« J’ai commencé à pêcher avec mon père à l’âge de cinq ans. Ensuite mes parents se sont séparés, j’ai dû arrêter pendant dix ans. J’ai fait le CJA (ndlr centre des jeunes adolescents), j’ai été au lycée de Faa’a pour obtenir mon bac en vue d’accéder au CMMPF. J’ai repris en 2016 avec notre maire Simplicio Lissant. Par le biais de copains, j’ai connu le CMMPF. J’ai débuté par le CIN (ndlr certificat d’initiation nautique « pêche »). Là je suis en train de faire le BCPC parce que j’ai un projet cette année, celui d’acheter un bateau. En gros, je suis là pour reprendre tout ce que mon père m’a appris. Je suis originaire d’ici, de Tahiti, mais peut-être qu’avec ma compagne on rentrera sur Raiatea pour lancer mon activité, pour faire de la pêche au thon, au mahi mahi, faire de la traine… »
Pourquoi Raiatea ?
« Il y a plus de facilités à trouver du poisson à Raiatea parce que là-bas ils ne sont pas beaucoup de pêcheurs, ils sont très respectueux, ils sont proches de la nature. Et puis là-bas, il n’y a pas que la pêche, il y a aussi le fa’apu. On n’a pas besoin d’aller chercher ceci ou cela au magasin comme ici, là-bas tu as tout. »
Que représente la mer pour toi ?
« J’ai une passion pour la mer. Si je reste trop longtemps à terre je pète un câble comme on dit ! Là ça fait un mois et demi que je suis à quai, j’en peux plus ! Il faut que je retourne en mer. C’est ma drogue. C’est la nature, l’appel de la mer, être entouré d’eau, être avec les copains à rigoler et à déstresser un peu…Et surtout à pêcher, pêcher, ne faire que ça ! Mon rêve c’est d’être capitaine. »
Comment se passe la formation ?
« Ça va. Dans cette classe, on est que des pêcheurs. On ne parle que de pêche ou de matériel de pêche ! On est des passionnés. Je n’ai que du matériel de pêche dans ma chambre à la maison ! Je suis plutôt bordélique mais mes affaires de pêche sont toujours très bien rangées ! Peut-être que plus tard je reviendrai pour aller encore plus loin au niveau formation mais pour l’instant, capitaine de poti marara cela me suffit. »
Un dernier mot ?
« Faut arrêter de dire qu’il n’y a pas de travail. Il y a du boulot en mer. Si tu es passionné, viens, inscris-toi, épanouis-toi, fais ce que tu aimes. Après, il faut aimer ça, on ne peut pas forcer quelqu’un. Un capitaine de poti marara acceptera assez facilement d’embarquer un jeune pour lui faire découvrir la pêche. Pour moi en tous cas, ce ne sera pas un souci. Beaucoup de jeunes qui ont eu une première expérience, aujourd’hui soit ils ont leur bateau, soit ils sont sur un thonier pour pêcher au large. »